Le joyau gothique du Nouveau-Windstein, invitation à la rêverie médiévale

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Nouveau-Windstein – façade Sud de la tour-logis

Il en va de certains lieux, comme des souvenirs ; ils laissent dans l’imaginaire une trace indélébile, se confondant parfois avec le rêve. La tour du Nouveau-Windstein, merveille de l’architecture médiévale, inaccessible depuis de si nombreuses années, avait fini par entrer dans une sphère presque onirique… On ne pouvait plus compter que sur la mémoire et sur de trop rares clichés, pour voir resurgir la silhouette découpée des baies gothiques, projetant sur la muraille sombre ses polylobes, enflammés par les rayons d’un soleil couchant.

Aujourd’hui, les vestiges de cette tour-logis sont à nouveau accessibles, grâce à la mise en place de passerelles. Celles-ci nous permettent également de longer le deuxième étage de fenêtres, auquel nous n’avions jamais eu accès. Ainsi, cette visite nous replonge non-seulement dans la véritable rêverie médiévale, qu’avait forgé la frustration de l’inaccessibilité, mais elle donne aussi à notre ressenti une nouvelle dimension !

Le Nouveau-Windstein : forteresse ou folie gothique ?

Le château du Nouveau-Windstein fut édifié à la fin de la première moitié du XIVe siècle, sans doute sur les ruines d’une précédente maison forte. Le maître d’ouvrage, Guillaume de Windstein souhaitait établir en ces lieux une nouvelle résidence fortifiée, après la destruction quelques années plus tôt du château du Vieux-Windstein.

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Nouveau-Windstein – façade Est aux allures défensives

Le château, lorsqu’on l’appréhende par le côté Est adopte la forme d’une forteresse certes modeste, mais particulièrement hermétique et offensive. Le caractère défensif se matérialise principalement par le mur bouclier de la haute tour, dont les pierres à bossage renforcent la massivité. La bretèche, aux allures si élégantes ne manquait pas non-plus d’évoquer la capacité de la forteresse à se défendre. La tour d’artillerie au Sud de la façade, est quant à elle un ajout du XVIe siècle. Les façades Nord et Ouest du château, arborent également un aspect austère et martial. On note aussi sur ces deux façades les éléments de nécessité et notamment les latrines. Ces dispositions contrastent singulièrement avec la façade Sud à flanc de colline.

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Nouveau-Windstein – façade Sud (mur extérieur)

L’escarpe de la colline offrant une défense suffisante, le mur devient le support de l’inventivité de l’architecte. Certes, il existe une série de lancettes défensives au premier niveau, mais le second est largement percé de nombreuses baies géminées en ogives. L’une d’entre-elles fut murée ultérieurement pour laisser place, à l’intérieur, à un poêle ou une cheminée. Du reste une baie à sept lancettes, du même type que celles que l’on retrouve au château de Lützelstein à La-Petite-Pierre, fut également murée et remaniée afin de laisser place à une petite ouverture défensive. Les corbeaux d’un oriel, aujourd’hui disparu, parachèvent l’originalité de la façade.

On retrouve sensiblement les mêmes singularités dans la tour-logis qui trône sur le rocher, creusé d’une salle troglodytique. La tour logis ne présente plus de bossages, mais une maçonnerie lisse sur ses façades intérieures. Elle est percée de six baies sur deux niveaux sur ses façades Sud et Ouest. Les trois fenêtres du premier niveau sont ornées d’un remplage à quadrilobes. Celles du second sont une séries de lancettes, regroupées par deux ou par trois. L’embrasure de chaque ouverture accueille de part et d’autre des coussièges. L’intérieur de la tour est enfin marqué par la présence de deux cheminées monumentales, dont il ne reste que les traces évasées du conduit.

 

Ainsi, ce château n’a de forteresse que le nom. Les dispositifs défensifs n’ont qu’une valeur dissuasive et ne sont finalement que des éléments accessoires, métaphores de la puissance de la famille de Windstein. En réalité le Nouveau-Windstein est une résidence, dotée de tout le raffinement et de tout le confort, que pouvait espérer un seigneur des Vosges du Nord.

 

La forteresse passa dans les mains de différents propriétaires, avant d’échoir dans celle de la famille des Eckbrecht de Dürckheim. Elle fut détruite par les troupes de Montclar vers 1680.

Conclusion

Les ruines du Nouveau-Windstein, aujourd’hui pleinement accessibles, redonnent une idée des fastes d’un petit château de Montagne dans les Vosges du Nord. Par la diversité et l’abondance de ses ouvertures le bâtiment témoigne d’une recherche architecturale particulière. La complexité et l’élégance de cet ouvrage, ayant, sous un vernis martial, le confort et l’art de vivre comme préoccupation principale, contraste violemment avec les préjugés qui nous laissent imaginer un Moyen Age sombre, froid et ignorant…

Aujourd’hui il ne nous reste de ce joyau de l’art gothique que la poésie silencieuse de ses ruines. Dans l’espace de sa tour nous contemplons les paysages de l’Alsace, et, sans se soucier du vent qui lentement érode cet écrin, c’est à l’horizon l’aiguillon gracile de la tour de Notre-Dame de Strasbourg que nous distinguons.

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Notre-Dame de Strasbourg vue depuis la tour du Nouveau-Windstein

Un commentaire :

  1. Vander Roer Madeleine

    Merci

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