Le mobilier du chœur de la Chapelle de l’Étang à Bitche au début du siècle dernier

Chapelle de l’Étang – Bitche

Si nous avons déjà consacré un article à la Chapelle de l’Étang de Bitche, la découverte récente d’un document inédit nous amène à revenir brièvement sur le sujet. En effet, une photographie du début du siècle dernier, nous présentant les dispositions du chœur de la chapelle, vient attester des profondes modifications qu’a subi le sanctuaire au cours du XXe siècle.

Le photographe

Avant de se lancer dans les observations de la photographie, il est intéressant de s’attarder un instant sur son auteur. En effet, le cliché est signé au dos du cachet d’Isidore Bleichner. Ce nom n’est pas inconnu au Pays de Bitche puisqu’il nous renvoie au cœur de la vallée de Münzthal, à  Saint-Louis-lès-Bitche.

Bleichner fut en effet, le directeur du bureau de dessin des prestigieuses cristalleries de Saint-Louis. C’est lui qui fut l’auteur en 1928 du très célèbre verre Tommy, qui demeure encore aujourd’hui l’un des fleurons des productions de Saint-Louis.

Conservation de la photographie

La photographie que nous avons pu observer est un tirage sépia mesurant 16.5 cm de hauteur pour 12 cm de largeur. Elle est contrecollée sur un carton rigide portant la mention « Weiher-kapelle zu Bitsch », soigneusement calligraphiée à l’encre noire en lettres gothiques. La photographie est elle-même encadrée par un liseré rouge.

Le tirage présente une altération des contrastes au centre de l’image. Ce défaut, sans doute dû au vieillissement du cliché, touche le cœur même du sujet. Il a donc fallu procéder, autant que faire se peut, à une restauration numérique des contrastes, ce qui permet une lecture parfaite des éléments photographiés.

 

Un ensemble cohérent

Pietà de la chapelle de l’Étang – v.1700

Si l’on observe le chœur actuel de la chapelle, on est frappé par la sobriété – voire le dénuement – de son aménagement. La volonté d’épurer le mobilier de cet oratoire nous a conduit à en faire un écrin vide, ayant perdu beaucoup de son charme. En effet, la photographie rend compte d’un important autel en bois peint, de style néogothique typique des productions de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

L’ensemble est orné de très nombreux candélabres et bougeoirs en bronze et cristal, mais aussi de bouquets de lis, symboles de la virginité de Marie. L’autel est également flanqué de deux piédestaux sur lesquels reposent deux candélabres en bronze, à décor de pampres de vigne.

La partie basse de l’autel est ornée d’un bas-relief représentant une Mise au Tombeau en stuc, faisant écho à la représentation de la Pietà qui la surmonte. En effet l’autel forme en son centre un dais pour accueillir l’effigie de la Vierge de Pitié, toujours conservée en ce lieu et datée du tournant des XVIIe et XVIIIe s. Si l’on ajoute à cela le crucifix qui lie les deux représentations, on se retrouve face à un programme iconographique cohérent, ayant pour sujet la mort du Christ.

Il est enfin intéressant de noter que le sanctuaire était d’une clarté qu’on ne lui connaît plus de nos jours, les fenêtres ayant été obstruées par des verrières historiées sans grand intérêt.

Aspect actuel du chœur de la chapelle

Un décor entièrement disparu ?

Bas-relief de la Mise au Tombeau provenant de l’ancien autel de la chapelle

Le mobilier de la chapelle visible sur cette photographie semble avoir intégralement disparu, à l’exception de la Pietà qui a fort heureusement été préservée dans son écrin. On observe simplement sur le cliché qu’elle était alors encore peinte dans des teintes plus naturelles (cf. le voile blanc) et moins froides que les dorures et argentures excessives, dont on l’a affublée depuis les années 1950.

Il est émouvant de noter qu’il subsiste également dans le sanctuaire les quelques figures qui formaient le bas-relief de la Mise au Tombeau, déposées sous un arc en grès.

La question est maintenant de savoir s’il subsiste encore d’autres éléments de cet ensemble !

Un commentaire :

  1. Mario Rundstadler

    Il est intéressant de noter sur le côté droit de la chapelle les inscriptions avec des N inversés, qui ne sont pas des erreurs de gravures.

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