Vestiges antiques du massif du Grand Wintersberg à Niederbronn

Les environs de la commune de Niederbronn-lès-Bains sont ponctués de lieux remarquables et d’époques très diverses. Parmi les plus anciens sites on retrouve le Camp celtique du Ziegenberg ainsi que la « Liese », sculpture rupestre située à quelques kilomètres de là sur le massif du Grand Wintersberg.

Le camp Celtique

Description du site

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Camp celtique – Mur d’enceinte

Le Ziegenberg est une élégante montagne conique, culminant à 495 m, sur laquelle ont été identifiés les vestiges d’un camp celtique. Le site est composé d’une enceinte d’un à deux mètres de hauteur, édifiée de manière assez grossière. Il s’agit d’un entassement de pierres brutes de taille et de formes variables. Cette enceinte adopte la forme d’un triangle isocèle, dont les deux cotés égaux mesurent chacun 160 m. Par ailleurs, le mur s’adapte aux formes naturelles de la roche qui le soutien, suivant ses courbes et contre-courbes, ce qui interdit une parfaite géométrie de l’enceinte. Le troisième coté du triangle s’étend sur une soixantaine de mètres.

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Camp celtique – Mur d’enceinte

Lorsqu’on franchit cette enceinte, on découvre un amoncellement d’imposantes dalles de grès, et rien ne semble a priori trahir une occupation humaine du site. Cependant, à y regarder de plus près, sous la mousse et le lichen, se dessinent d’étranges signes pouvant parfois se confondre avec l’érosion naturelle du grès. Pourtant, sur l’une des dalles centrale, on distingue parfaitement une longue ligne gravée sur près de 3 mètres de longueur, accompagnée par des cavités circulaires et ovoïdes. Encore de nos jours, ces symboles conservent tout leur mystère.

En observant les autres dalles, on note d’autres cavités, quadrangulaires, peut-être destinées à recevoir les poutres d’un édicule en bois. Par ailleurs, des assises semi-circulaires on été taillées dans le coin de certaines dalles.

Enfin, un amoncellement de rochers a été perçu par certains historiens du XIXe siècle comme les vestiges d’un dolmen.

Tous ces éléments ont amené à penser que le site remontait à l’époque gauloise.

Interprétation du site

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Camp celtique – Dalles gravées

Le site par son ampleur et sa position a d’abord été interprété comme un oppidum. En effet, le site offre une position stratégique pour une place forte, où se seraient réfugiées les populations. Cependant, Beaulieu, qui fut l’un des premiers historiens à s’intéresser au Ziegenberg, souligna immédiatement le point faible de cette hypothèse : le site ne dispose d’aucune alimentation en eau. L’absence de cet élément indispensable rend caduque la première interprétation.

Beaulieu proposa alors de voir le sommet de cette montagne comme un haut lieu de pratiques druidiques. Il supposait que les dalles gravées, auraient pu être le théâtre de sacrifices rituels ; la rigole et les cavités auraient ainsi servi, selon lui, à recueillir le sang des sacrifiés. La faible profondeur de la gravure semble aller toutefois à l’encontre de cette hypothèse. On ne peut pas pour autant exclure que ce lieu ait occupé une place importante dans la vie spirituelle gauloise. D’ailleurs, à moins d’un kilomètre de là on note la présence d’une importante sculpture, La Liese, qui confirme le caractère sacré des sommets du massif du Grand Wintersberg.

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Camp celtique – Symbole gravé ?

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Camp celtique – Symbole gravé ?

 

 

 

 

 

 

 

La sculpture dite « la Liese »

Description

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La Liese

La Liese est le surnom local donné à une sculpture rupestre située en contrebas du Grand Wintersberg. Il s’agit d’un important bas-relief, adossé à un modeste rocher, sur lequel on découvre la figure d’une femme nue assise. Au fil des siècles, cette effigie a été fortement mutilée. Elle a été excessivement et médiocrement restaurée dans les années 1970 ; les seules parties originales encore visibles sont les épaules, le ventre et les cuisses.

L’origine de cette sculpture est assez obscure. D’aucuns voient en elle une effigie remontant à la période gauloise. Pourtant, il n’est pas impossible qu’il s’agisse d’une œuvre de l’époque gallo-romaine.

Se pose alors le problème de l’identité de la figure. Beaulieu y voit une divinité locale, Abnoba (déesse initialement liée au massif de la Forêt Noire) ou Vosega (Personnification divine des Vosges), toutes deux issues du panthéon gaulois. Toutefois, si l’œuvre date de l’époque romaine, il s’agirait d’avantage de la représentation de Diane, à laquelle furent assimilées ces deux divinités topiques. Enfin, la forme singulière de la coiffure, évoquant les perruques égyptiennes, a forgé l’hypothèse d’un culte à la déesse Isis, transporté dans nos contrées par les nombreux échanges au sein de l’Empire Romain. Au fil des siècles, la Liese a été récupérée par le folklore qui voyait en ce bas-relief, le souvenir sculpté d’amours déçus.

Le rocher de la Liese fut d’ailleurs longtemps considéré comme un lieu ayant la vertu d’accroître la fertilité des femmes. En mal d’enfant, ces-dernières se laissaient glisser depuis le sommet du rocher, faisant de la Liese, un Rutschfelsen (rocher à glissades). Cette étonnante pratique a semble-t-il marqué le rocher qui présente une érosion singulière surplombant la déesse sur le coté droit. Du reste, l’ensemble du bloc de grès présente un nombre important de graffiti d’époques indéterminées.

Cette interprétation tardive et populaire de la Liese, n’est pas à négliger, car elle pourrait trahir une survivance de pratiques antiques. La Liese pourrait donc avoir été dès l’Antiquité, considérée comme un rocher fertilisant personnifié par une Matrone.

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La Liese – Vue de trois-quart

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La Liese – Graffiti

Au pied du massif du Grand Wintersberg, une source, actuellement appelée « source de la Liese », jadis considérée comme sacrée et curative, est encore exploitée de nos jours. Captée depuis 1988, cette eau de Niederbronn-les-Bains est commercialisée sous la marque Celtic.

2 commentaires :

  1. Couchouron Serge

    Comme tout ce qui touche à l’ancienne Gaule, les sites dits celtiques sont ignorés par les historiens. J’ai visité le mont saint Odile, les informations sur cette zone sont stupides. Il y a pourtant des preuves philologiques (Maen-Nel-sten) liées à ce mur qui démontrent la présence d’abbés celtes, personne ne songe à étudier ces curiosités. Les Nel, Niel ou Nial sont les abbés qui ont érigé tous les monastères dans les Gaules jusqu’au 6ième siècle. La statue dont l’aspect fait penser à l’Egypte ne m’étonne pas. On trouve les mêmes dans les Pyrénées. Par ailleurs le nom des Neil nommés Néilos en Grèce, signifie fils du Nil. Cela fait quarante ans que je travaille sur ce sujet.

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